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l'internationale intersticielle - Page 8

  • Tchad en 24 dessins

    Ils s’appellent Abba Kabir, Mohamed Bessallah, Ab-del-Kader. Personne à leur sujet ne se pose la question : que sont-ils devenus ? Ils avaient entre 7 et 14 ans dans les années vingt du vingtième siècle. Au moment où leurs dessins furent recueillis par Denise Moran qui les publia dans Tchad, un livre ethno-biographique paru chez Gallimard en 1934. Et bien oublié depuis.

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    La plupart y sont désignés par un simple prénom : Zacharia, Doungouss, Yalinga, Hadoum, Hamidé, Bourma. Quelques adultes aussi parmi eux. Choisis parce que débutants : Mohamed Damba (20 ans), Malloum Mohamed (30 ans), Mohamed Faki (20 ans) qui « n’avait jamais dessiné ».

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    Où êtes-vous, artistes sans le savoir, créateurs sans peine, innocents magiciens de la forme ? N’était votre absence de notoriété, le bon grain de vos noms ne mériterait-il pas de s’intégrer dans un chapelet où Vassily Kandinski, Paul Klee, Gaston Chaissac, Jean Dubuffet se comptent déjà ?

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    Perles sauvages, perles cultivées en liberté. Les premières se distinguant par leur rareté. Les secondes par leur superbe indifférence au calibrage de la pensée.

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    Il est significatif que cette suite de 24 dessins à l’état natif ait été insérée dans un livre qui contient des vérités sans détour. « Coloniser est insoluble et criminel » (page 233) ne craint pas d’affirmer Denise Moran qui accompagna Edmond Savineau, son époux, en Afrique où il était administrateur.

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    Fondatrice de plusieurs écoles, sa connaissance du terrain ne se borne pas à des rapports scientifiques. Elle témoigne avec une lucidité indépendante du quotidien révélateur des rapports sociaux et mentaux entre Noirs et Blancs.

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    De l’incompétence, de la bêtise, de l’alcoolisme et de la brutalité des colons surtout. Mais aussi des moyens plus ou moins bons (quoique puisés dans leur langage, leur religion ou leur culture) que les Africains se voient contraints de leur opposer.

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    C’est par le constat de ce quiproquo tragique, de cet écart constitutif, que le livre de Denise Moran mérite dans nos bibliothèques de trouver sa place près de L’Afrique fantôme de Michel Leiris.

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    C’est aussi pour cela qu’il mériterait d’être réédité.

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  • Un grain de sel dans la poussière d'étoiles

    Il aurait pu faire simple mais il n’a pas choisi la pêche tranquille en eau dormante. Taquiner le goujon, très peu pour lui. Les maquettes, quelle barbe ! Les modèles réduits, non merci. Il lui faut une drogue plus forte que la colle. La retraite ? Hors de question de se la couler douce, il est un scientifique désormais. D’ailleurs, sa mère lui est apparue en rêve et l’a vivement encouragé à aller au bout, avec l’aide du Seigneur. Si Dieu lui-même y consent, il faut obtempérer.

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    Salaisonnier de métier, Joseph Giraudo a consacré des heures à tempérer le sel avec l’épice dans ses cochonnailles.

    Il avait son affaire à Gennevilliers. Ses produits étaient reconnaissables entre mille avec leurs emballages aux couleurs de son pays natal, l’Italie.

    Certains jours, il s’est cru un peu sorcier dans son laboratoire mais sa foi l’a toujours rattrapé jusque dans le chapelet de ses saucisses.

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    Le droit chemin du bon Dieu ne l’a jamais mis dans l’ornière. La Vie des saints est son seul viatique. Il a été jusqu’à proscrire à ses filles la lecture des romans. Pourtant, c’est un livre qui a tout déclenché. La providence est apparue en 1962, sous la forme d’un gros Larousse d’Astronomie.

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    Il a suffi de ce seul ouvrage pour le convertir aux calculs de vitesse lumière. Les résultats des spécialistes sont approximatifs. Sans cesse, il se heurte au mot « environ », à l’expression « à peu près », lesquels le rebutent tellement qu’il va s’employer à faire ses mathématiques.

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    Car quoi ! dans les calculs officiels d’une année en vitesse lumière il manque au moins six heures. Ils nous ont arrondi tout cela à la louche, ces messieurs les astronomes ! Des secondes qu’on nous vole, montres et horloges remontées contre nous. Mais lui, Joseph Giraudo, il va s’employer à tout recalculer. Il assemble des chutes de papier bon marché avec du ruban adhésif et fabrique ses rouleaux de calcul.

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    Il écrit tout à la main, ligne par ligne. Les choses se déroulent bien ainsi durant 27 ans ! Il remplit des dizaines de rouleaux qui, dépliés, atteignent près de vingt-cinq mètres.

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    Il laisse quantité de notes, entre découragements et lubies, griffonnées parfois au verso d’emballages de saucisson. Il fait la pige au temps avec des feuillets d’éphéméride froissés, des pages d’agenda arrachées révélant des phrases énigmatiques.

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    Il intègre un club d’astronomie et publie sa théorie dans le bulletin de l’année 1989. Trop confidentiel. Il est temps pour lui d’alerter le milieu scientifique de ses avancées.

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    Dans ses courriers il expose avec une grande modestie sa méthode de calcul innovante fondée sur un système d’horloges bien différentes des horloges ordinaires.

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    Silence abyssal. Un professeur du collège de France daigne enfin lui répondre. Les raisonnements sont justes mais les bases sont fausses. En dépit de ces avertissements, il s’obstine. Ces heures qui nous sont dérobées chaque année sont peut-être les meilleures. Pas moyen d’avoir raison. Quand il l’accepte enfin, il se laisse partir. Il fait gigoter l’espace-temps avec un hula-hoop.

    Il lève une armée de chiffres astronomiques pour terrasser le décimal. Il compose la symphonie des rouleaux à l’égal de la musique des sphères. Il étourdit son bégaiement dans des calculs sans couac. Mathématique, fluidité sans faille. Jamais trahi par ce langage. Il a mis son grain de sel dans la poussière d’étoile.

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  • Jacques-B Brunius sort de l’ombre

    Le Brunius du Sandre est arrivé. Jacques-Bernard Brunius c’est ce grand type en maillot rayé et moustaches en guidon de vélo qui canote dans La Partie de campagne de Jean Renoir. Il a laissé de lui cette image de faune qui danse autour de l’émoustillée madame Dufour interprétée par Jane Markel.

    Aérien, classieux et drôle à la fois. Échalas léger. Grande tige flexible. Roseau spirituel. Tout pour s’illustrer dans le registre du fugace. De ces seconds rôles qui participent si bien de l’ambiance des films qu’on finit par en oublier le nom des acteurs qui les incarnent.

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    Brunius. Brunius dont la carrière sur les écrans a éclipsé les autres talents de : réalisateur, poète, critique d’art et de littérature, essayiste, traducteur. D’homme de radio et de collagiste aussi. Toutes activités rondement menées, à cheval sur la France et l’Angleterre où il resta après la guerre qui le vit prendre -lui si peu gaulliste- une part active dans les émissions anti-nazis de la BBC.

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    Activités variées où il sut préserver ce « côté improvisé, amateur, dilettante » que Renoir admirait dans son jeu. « Touche-à-tout de génie » selon André Breton dont Brunius qui se situait dans l’orbite gravitationnelle du surréalisme était le correspondant fidèle.

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    "Ma main". Dessin de Brunius (1949)

    Mais il faudrait ôter de cette expression ce qu’elle conserve de péjoratif. Toucher à tout, dans le cas de Brunius, c’était non seulement donner libre cours à une curiosité insatiable, c’était aussi s’inscrire dans une position par nature risquée (pour ne pas dire interstiCielle). Celle où les autres restent désorientés de ne savoir vous cibler.

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    Cet éclectisme assumé, en accord avec ce dandysme britannique dont Brunius cultivait le genre vestimentaire, trouve son emblème dans le titre Violons d’Ingres qu’il donna en 1939 à son documentaire pionnier sur le Facteur Cheval et d’autres créateurs spontanés comme Auguste Corsin d’Etampes ou Angelina Opportune Leverve de Semur-en-Auxois. Il eut cependant l’inconvénient de flouter l’image de cette figure du cinéma dont l’œuvre restait méconnue du fait de sa dispersion dans les revues, les journaux, où Brunius publiait.

    Aussi faut-il tirer son béret français aux Éditions du Sandre qui prennent l’initiative de faire remonter à la surface, grâce au travail de Grégory Cingal et Lucien Logette, un choix riche et significatif de textes bruniusiens oubliés. L’ouvrage de 542 pages ressemble à un petit coussin dodu.

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    Mais il ne faut pas s’affoler. D’abord parce qu’il contient un index, une table et une présentation très commode. Ensuite parce que l’ordre chronologique suivi facilite le repérage. Les maniaques s’agaceront du temps qu’il faudrait prendre pour en faire une consommation systématique. Mais les adeptes d’une lecture diagonale adaptée à la démarche primesautière de Brunius y trouveront leur chemin. En privilégiant par exemple les témoignages, les lettres à sa fille (aussi émouvantes que celles de Breton à Aube), les déclarations ou les réponses à des enquêtes… Et en se laissant distraire par tout relief que leur œil rencontrera.

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  • Goujounart’s coffee-table book

    A peine la fine équipe interstiCielle venait-elle de poster la note précédente que le petit livre rose qui accompagne l’exposition de Goujounac nous arrivait, brandi par la factrice qui se la jouait Liberté éclairant le monde.

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    52 pages. Presque un carré. Hermès pourrait s’en inspirer. Mouly en foulard, j’en connais qui seraient preneuses ! Légère avec ça cette publication ! Y’avait de quoi en faire des tonnes, la maquette de KSO (Kathrine Storm-Olsen) fait tout passer avec sourire, aisance et goût de revenez-y adaptés au sujet. Et pourtant la matière est là. Beaucoup d’écrits mais jamais présentés de manière bourrative.

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    Ce Goujounart’s book peut bien se donner les gants de présenter (à côté de nouveautés) un véritable échantillonnage de témoignages qui défilèrent entre 1992 et 2000 dans diverses revues, ça se parcourt d’un œil curieux et survoleur. Celui-ci est servi par le rythme vitaminé de la mise en page, les jeux typo-chromatiques de la titraille, la dissémination ludique des images où alternent couleurs et noir et blanc, cadrages et détourages, vignettes et hors-texte.

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    Et quand le contenu se fait répétitif (c’est l’inconvénient dans ce genre d’entreprise rédactionnelle collective), la forme emporte tout. Dans l’ensemble, c’est fun. Jamais mortel. En tout cas à bonne distance de cette érudition rasoir, de ce parisianisme bobo pour manitou de l’art populo-brut (façon cosmétique anarcho-surr) auxquels les créateurs provinciaux du genre de Gaston Mouly peuvent être exposés.

    img184.jpgAutour de Gaston Mouly-le livre a bénéficié du soutien de la famille du sculpteur. Ginette Costes, cheville ouvrière de l’asso organisatrice de l’expo, est aussi en tête du comité de rédac. Le pool de plumes qui a pondu les textes est trop fourni pour que j’en cite les membres. Je risquerais d’en oublier un.

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    Je préfère attirer l’attention sur Philippe Soubils, le photographe dont trois beaux clichés anciens pris dans l’atelier de Gaston Mouly méritent carrément le détour par cet ouvrage à vocation de collector.

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  • Goujounac célèbre Gaston Mouly

    Pour être prophète en son pays il n’est jamais trop tard. C’est ce qui arrive à Gaston Mouly (1922-1997) dont Goujounac, son village natal, s’apprête à célébrer l’œuvre et la mémoire. Nombreux sont ceux ici, à Bordeaux ou à Paris, qui se souviennent de cette personnalité d’exception, sculpteur et dessinateur sans avoir appris. Mais le temps a passé depuis la disparition brutale de Mouly. Il est bon que ses concitoyens s’instituent les passeurs de son message artistique pour les jeunes générations.

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    Autodidacte dans son cas ne signifiait pas sans savoirs ou dépourvu de techniques. Gaston possédait les bases solides d’un entrepreneur de maçonnerie habile qui parcourait le pays, fier de montrer à ses amis les bâtiments qu’il avait construit. Simplement quand il décida en fin de carrière de laisser libre cours à un désir d’art qui l’habitait depuis sa jeunesse, il transposa son métier et ses méthodes dans les médaillons (plus tard les sujets en ronde-bosse) modelés et patinés grâce à sa science du ciment et des pigments.

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    Un peu plus tard, donnant essor à des qualités inhérentes à ses croquis préparatoires, il fut amené à multiplier les dessins sinueux, si lisses et si étranges, qui sont la marque de son talent.

    Le carton d’invitation au vernissage (4 juin 2016 à 17h) de l’exposition Autour de Gaston Mouly reproduit un détail de l’un d’eux. Il illustre les antipodes entre lesquelles il tendait.

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    On peut y lire une petite scène champêtre et festive servie par des couleurs gaies. On peut s’y alarmer aussi de ces crêtes pointues comme des dards en couvre-chefs de personnages plastiquement désarticulés. Mouly quant à lui passa les quinze dernières années de sa vie (les plus créatives) dans un funambulisme entre deux univers sociaux.

    mouly en pied.jpg Celui de sa région du Lot où, connu de tous, il était comme un poisson dans l’eau et celui des grandes villes où il cherchait à se faire connaître. Amoureux de la vitesse et des automobiles, la route finit par l’emporter. Mais il eut tout loisir de se mêler à ce qu’il s’imaginait être une vie d’artiste, goûtant avec gourmandise aux rites des galeries, des amateurs d’art et des intellectuels épris de marginalité. Sans s’inquiéter d’en rester au stade étroit de ce qu’on nommait à la fin du XXe siècle, la singularité.

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    Décalé, interstiCiel mais maître de son cap. Imperméable aux critiques. Il aimait donner les noix de ses arbres qui noircissaient ses doigts, le soleil de son Quercy en bouteilles de Cahors mais était peu soucieux de recevoir : un dessin de Chomo le laissa indifférent. Centré comme il était sur lui-même, sa capacité à résister à l’intimidation était admirable. Peut-être devait-il ça aux professionnels de l’art qu’il avait fréquenté. Une photo des années 80, extraite de la revue Gazogène dont Jean-François Maurice (auquel il est associé pour l’occasion) était l’animateur, est significative à cet égard. On y voit Mouly donner la main à Michel Zachariou pour l’installation d’une œuvre de plusieurs tonnes.

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    Selon M.Z., c’est ce jour là que Gaston Mouly improvisa la première exposition de ses œuvres personnelles. Sans complexe. En compagnon qui ne craint pas de s’afficher avec ses pairs. C’est que Mouly, dans ses activités de maçon, avait eu la chance de fréquenter Roger Bissière. Et que Bissière avait tout pour ne pas gâcher une vocation.

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  • Père Petitot, fils du soleil

    Rien de tel que la distraction pour croiser l’interstiCiel. L’œil rivé à La Lorgnette de la Villa Browna, le substanCiel blogue de deux libraires des beaux quartiers situés derrière le musée du Quai Branly, je suis tombé sur un baston mettant aux prises deux ethnologues. Bon, ça ne date pas d’hier. La chose eut lieu en 1875. C’est une longue note de Valentine Del Moral sur un « bibliophile maudit », amateur de « kimonos jolis », qui nous relate ce fait-divers.

    D’ordinaire je crains un peu ce genre de glose érudite mais la chose était rédigée avec assez de désinvolture pour que je laisse traîner mon regard blasé sur les aventures du japonologue Léon de Rosny (1837-1914).

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    bio_petitotE_det.jpgBien m’en a pris puisqu’au détour du valentinique propos se profila soudain la silhouette singulière d’un drôle de paroissien que j’eus tout de suite envie de tutoyer de plus près : Émile Petitot (1838-1916), missionnaire dissipé, vrai savant et éminent linguiste es langues amérindiennes. Une turbulente soutane, un indiscipliné comme on dit au Québec, « un remarquable oublié » selon  Radio Canada.

    Lui qui ne cherchait pas à convertir avait été baptisé Fils du soleil par les Inuits qui visaient peut-être par là ses éblouissantes tendances hallucinatoires.

    VDM relate le savoureux mic mac parano dont il embarrassa Rosny à propos d’un manuscrit iroquois qu’il soupçonnait d’être un faux. Petitot dont on possède de beaux portraits en costume de peaux de bêtes s’était déjà signalé par d’autres excentricités.

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    Courir nu dans la neige, nouer des relations intimes avec un jeune domestique, tomber amoureux d’une femme métisse par exemple. Excommunié temporairement de l'autre côté de l'océan il n'en fut pas moins curé, 30 ans durant, dans la banlieue de Paris après que son autorité de tutelle l’ait fait interner puis rapatrier en France. Le fait est qu’il voulut attenter à la vie de son supérieur, lequel n’appréciait sans doute pas qu’il fût plus intéressé par les coutumes des Indiens que par la propagation de la religion des Européens.

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    Ses enquêtes scientifiques chez les autochtones de la région septentrionale du Canada sont pourtant incontournables.

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    Explorateur, il dessina et cartographia, préférant la compagnie des chiens de traîneaux à celle de ses collègues traditionalistes.

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    Collectionneur d’objets inuits, il fit preuve aussi de tempérament artistique comme en témoigne la décoration de l’église Notre-dame de Bonne-Espérance à Fort Hope qu’il réalisa lors de son séjour entre 1864 et 1878.

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    Il est l’auteur d’un dictionnaire de la langue des Dénés, un peuple qui croyait que le feu parle.

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  • Dans le noir à perte de vue

    A la brocante j’ai hésité à l’acheter. La couverture était si déprimante. Une odeur de misère collée au cliché sans concession de Corinne Simon.

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    Mais Les Naufragés est un livre estampillé Terre Humaine. Un titre de cette Collection dirigée par Jean Malaurie ça ne se refuse pas. Ni Soleil hopi, ni Rois de Thulé cependant. La rage, la nausée, la lourde obscénité, le puits d’angoisse. Tout le monde déteste car tout le monde est interpellé. La puanteur humaine qui monte par bouffées chaudes. Parfum de métro, de chiotte, de dortoir.

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    La réalité émane de ces pages de Patrick Declerck. Lecture par petits bouts. Non seulement parce que le témoignage de cet ethnologue-psychanalyste sur son expérience de consultant au Centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre est éprouvante mais parce qu’on se reprocherait presque d’être captivé par ce texte bien écrit.

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    Puis, au milieu de ce journal de terrain avec les clochards de Paris, cette perle baroque : un chapitre qui relate la trajectoire d’un certain Marc P., victime d’un grave accident de vélomoteur à 19 ans, témoin de l’assassinat de son père par sa mère dans son enfance. Alcoolique, bagarreur, accro au couteau, aux calibres.

    Auteur d’une production littéraire et artistique aussi. « (…) Ce qu’il écrit, il le jette. Ce qu’il peint il le brûle ». Patrick Declerck a vu deux de ses tableaux : « (…) cris muets de cadavres dans la nuit, ils n’étaient que psychose et désastre ».

    Subsistent en revanche 4 manuscrits sauvés par une infirmière et dont Declerck publie 7 importants extraits.

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    Dans le dernier de ceux-ci, les mots, « confinent par instants à l’étrange beauté des derniers textes de Beckett ». Comment ne pas être ému d’y lire ceci : « Le noir, toujours le noir à perte de vue, subitement j’entendis au fond de moi-même un long et pénible sifflement continu. (…) Puis d’un coup, avec étonnement, je ressentis de même une espèce de pression (…) comme atmosphérique (…), une certaine unité de pression étouffante et bienfaisante (…). Et je ne sais d’où provient cette métastase, en mon interstice qui, lui, se situerait dans mon hémisphère cérébral (…). C’est comme cela que je l’ai appelé interstice car cela veut dire réellement petit espace vide, oui vide entre les parties d’un tout, et ce tout en question est le mien. »

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  • Le prince de l’art sans nom

    Un jour mon Prince viendra.

    J’ai beau avoir conservé ma petite âme de moutarde piquante c’est rare que me remue la disparition d’un baladin de notre monde occidental. Mais là, pardon, il y a de quoi ! De quoi s’associer au deuil collectif où les fans de la purple superstar se sont plongés unanimement.

    Ne serait-ce que pour saluer la bonne idée née un jour de 1993 dans l’esprit survolté de cet autodidacte boulimique de création qui, à l’état civil, portait le nom de Prince Rogers Nelson. Alias Prince for ever.

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    Sauf à la fin des nineties justement. Années pendant lesquelles, le showman engagé dans une partie de bras de fer avec sa maison de disques qui bridait selon lui sa liberté et sa fécondité artistiques, renonça à son nom. Au profit d’un pictogramme imprononçable qu’on traduisit faute de mieux par Love Symbol.

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    Souhaitons que Prince reste dans les mémoires. Non seulement pour sa musique. Mais aussi pour cette rébellion interstiCielle qui le conduisit à tenter d’imposer sa vision personnelle à l’industrie musicale.

    A la réflexion cette attitude avant-gardiste mériterait d’être généralisée. A ce que le business international épingle sous la vague rubrique d’art brut notamment. Imaginez des foires d’art sans nom par exemple. Voilà qui serait du dernier chic !

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    Des espaces white cubes où, sur la porte vitrée, l’exposition serait annoncée par un hiéroglyphe ! Des ventes publiques of « The Artist Formely Known As » Chomo. Ou TAFKA Darger, TAFKA Wölfli, TAFKA Quivousvoulez. On peut rêver.

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  • La vie parallèle d’Henry Legrand

    Appliqué à la vie, le parallélisme a tout pour plaire. Surtout quand il se présente, non sous le masque austère d’un vieux philosophe romain mais sous la plume du regretté Michel Foucault : « Ce serait comme l’envers de Plutarque : des vies à ce point parallèles que nul ne peut plus les rejoindre ». J’emprunte cette phrase évocatrice à la quatrième de couverture d’un trapu petit livre bleu ciel publié en 1979 par Gallimard : Le Cercle amoureux d’Henry Legrand.

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    Foucault présentait là une collection : Les Vies parallèles qui n’eut, après la guerre, que deux titres. C’est dommage. Celui-ci, qui traite de l’étrange manuscrit-fleuve d’un architecte cryptographe du milieu du 19e siècle, augurait bien. Mais l’écriture chiffrée n’a sans doute jamais été rentable pour un éditeur.

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    Aussi s’y mirent-ils à deux pour offrir au public des années disco un aperçu sur les 39 volumes de cet extraordinaire opus (agrémenté de nombreux dessins à la plume) conservé à la Bibliothèque nationale.

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    Parallèlement -si j’ose dire- à l’édition Gallimard, Christian Bourgois publiait, la même année, Adèle, Adèle, Adèle, en référence à la mystérieuse Adèle de M., présidente de la société secrète dont Legrand était le seul membre masculin. Soit dit sans grivoise allusion bien qu’il fût aussi l’amant des neuf femmes, aristocrates et bisexuelles, composant avec lui le Cercle.

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    L’histoire on le voit avait de quoi, intéresser Pierre Louÿs et il s’y intéressa. D’abord en faisant l’acquisition en 1907 de cet ouvrage à caractère partiellement érotique. Ensuite en découvrant le chiffre permettant d’en comprendre le contenu.

    le cercle intérieur 1.jpgAussi est-ce Paul-Ursin Dumont, un spécialiste de Pierre Louÿs, qui avec le concours de son fils Jean-Paul Dumont, professeur d’ethnologie, transcrivirent et documentèrent les extraits des manuscrits d’Henry Legrand contenant ses mémoires et relatant sa vie secrète au sein d’une cour d’amour en parfait contraste avec la société bourgeoise à laquelle il appartenait.

    le cercle intérieur 2.jpgLa collection de manuscrits de Legrand de Beauvais (c’est ainsi qu’on le désigne souvent), seraient d’une grande perfection. Selon Charles Monselet (1825-1888) ils représentent le travail d’une dizaine d’années : « Cela ressemble (…) à la calligraphie orientale. Beaucoup de pages ont des encadrements (…) d’une finesse prodigieuse : fleurs, animaux, blasons, anges, paysages, ruines, coraux etc. ». Avec son sens de la formule, l’auteur des Oubliés et Dédaignés qualifie l’œuvre de Legrand : « un des monuments les plus étranges de la manie humaine ».

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  • Le palazzo Marino

    On dit que c’est Le Minotaure, un tableau du peintre symboliste anglais George Frederic Watts, qui inspira à Jorge Luis Borges La Demeure d’Astérion, un texte qui figure dans L’Aleph.

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    A L’Immortel, autre conte métaphysique de ce troublant recueil, on pourrait associer ce Palazzo enciclopedico del mondo de Marino Auriti, tant cette babelienne maquette d’un musée imaginaire abritant toutes les connaissances humaines fait monter de notre mémoire cette citation : « Ce palais est l’œuvre des dieux » pensai-je d’abord. J’explorai les pièces inhabitées et corrigeai : « Les dieux qui l’édifièrent sont morts ». Je notais ses particularités et dis : « Les dieux qui l’édifièrent sont fous ».

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  • Le secret des soucoupes

    Les deux lettres martiennes du narrateur E.T. imaginé par Sophie Roussel dans les précédents posts de l’ii appellent quelques éclaircissements. Par sa façon d’inverser les points de vue, Sophie souligne la familiarité entre l’univers de l’étrange et celui, rural et banal, d’une petite communauté américaine d’un proche autrefois. C’est naturellement aux poétiques images d’Esther Pearl Watson qui ont servi de stimulant à sa fiction qu’elle le doit.

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    Comme dans Upside Down, le film de Juan Solanas où deux réalités symétriques se superposent, la peinture d’Esther Pearl Watson organise la rencontre de deux mondes qui ne sont pas fait à priori pour coexister, celui d’un intimisme bucolique, celui d’un âge d’or de la science-fiction.

     

     Rencontre ou retrouvailles car Esther Pearl, qui a grandi au Texas, a réellement vécu, du fait de son éducation baignée dans l’utopie paternelle, dans les interstices du rêve éveillé et de la réalité quotidienne. Cette position instable avait de quoi la mener au déséquilibre. Son étoile a voulu qu’elle la conduise à l’art par le biais d’une affinité à maints égards involontaire avec l’œuvre de Grandma Moses.

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    Le charme des tableaux d’E.P.W., empreint de la nostalgie des temps pré-Internet, ne procède cependant pas du pastiche. Ni de l’ufologie vulgaire. Ils n’ont pas cette naïveté. Même s’ils semblent s’apparenter aux ex-voto par les légendes qui y sont inscrites.

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    Esther Pearl qui, comme beaucoup de fillettes américaines rédigea très tôt son journal, se fait, dans ces courts textes intégrés à des figurations, le témoin un peu perplexe des expériences follement scientifiques de son père.

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    Elle comprit plus tard quand elle put donner un sens à sa vocation que Gene Watson, son père, qui avait consacré sa vie d’ingénieur aéronautique spontané à construire de chimériques soucoupes volantes qu’il rêvait de vendre à l’état, était lui-même un artiste sans le savoir.

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    Ce qui place sa fille dans une position charnière originale, entre un art brut congénital et un caractère d’outsider acquis qui l’a menée à l’expression diariste dessinée et à un professionnalisme contemporain assumé parce que soclé sur un roman familial riche de contenu.

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  • Les lettres E.Texanes-suite

    To : Us-bek (ThxC-734)

    From : Rica (Rswp-256)

    Subject : une transmission dans la langue indigène(2)

     

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    Sinon, je me suis faite aux coutumes familiales. La recherche éperdue de pièces détachées toutes aussi {incongrues} les unes que les autres ou encore les opérations secrètes où l’on fait des repérages aux alentours de la maison.

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    Mais ce qui me fascine le plus, ce sont les missions de reconnaissance. Il s’agit d’aller, à la nuit tombée, inspecter vaches et taureaux, avec la plus belle chose que nous ayons à disposition ici : une lampe de poche.

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    Quel objet sensationnel ! Je tâcherai de t’en rapporter une pour que tu voies la merveille. Rien de plus attrayant pour moi que ce faisceau qui éclaire une seule partie des choses, celle que l’on choisit.

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    Ici, les habitants semblent avoir survécu à plusieurs cataclysmes qui portent les mêmes prénoms qu’eux. Ils n’ont aucun doute quant à la fin prochaine de leur monde.

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    Aussi cette petite famille s’acharne t-elle à préparer sa soucoupe volante pour le grand départ. Je les aide du mieux que je peux, sans dévoiler notre technologie. Ce qui me surprend beaucoup c’est que si je leur révélais qu’aucune galaxie - en l’état actuel de leurs connaissances - ne pourrait les accueillir, je pense qu’ils ne changeraient rien à leur comportement.

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    J’en viens au terme de mon observation. C’est comme si les humains étaient infra-lucides. Ce qu’ils savent de plus juste est enfoui au fond d’eux-mêmes. Il n’y a pas de {corollaire}, ni décision rationnelle et le même processus se poursuit toujours, {auréolé} d’une chose très singulière qui se nomme l’espérance. Ce sentiment nous est tout à fait étranger, ce qui explique que je sois complètement passée à côté. Cet espoir, je l’ai d’abord pris pour de la bêtise.

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    Te rends-tu compte que les noms de nos vénérables planètes figurent sur leurs barils de lessive ? A ce détail et à bien d’autres, je pense cette espèce n’a pas tort d’envisager pour elle le pire des {destins}. Je pense que les humains qui veulent survivre devraient aller habiter dans les caravanes qu’ils possèdent au fond de leur jardin.

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    Certains individus – à mon avis d’une intelligence supérieure – ont déjà pris place dans ces unités d’habitation réduite. Ils auront ainsi une infime chance de réchapper à la {catastrophe} qui me paraît inéluctable.

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    Une formule de chez eux pour finir :logo sophie.jpg

    Bien à toi

    R

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  • Les lettres E.Texanes

    To : Us-bek (ThxC-734)

    From : Rica (Rswp-256)

    Subject : une transmission dans la langue indigène

     

    Cher U,

    Je ne t’ai pas écrit aussitôt car j’ai rencontré quelques difficultés d’adaptation dans ce pays de {cocagne} où les adultes sont des enfants comme les autres. Seule leur dimension diffère ce qui permet heureusement de les distinguer.

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    En apparence, cette population n’est pas très évoluée. Elle a l’aspect d’une fourmilière mais avec une dynamique de dispersion sans aucune logique.

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    Débarquée dans cette petite ville (Texas) en pleine nuit, j’ai été aussitôt aveuglée par le scintillement des astres. Un {gruyère} de nuit morcelé d’étoiles trop rapprochées, comme si j’étais sous cloche. Avec la réverbération, j’ai eu l’impression d’avoir rétréci à la taille d’une figurine‑jouet. Étrange ciel dans lequel règne en permanence un vaisseau en forme de coquillage d’une couleur que je ne connaissais pas.

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    Après consultation du nuancier, il s’agit d’un rose pulp. Tu devrais voir ça, c’est étonnant ! Tous ici l’appellent soucoupe volante. Moi, cela m’évoque plutôt un de leurs organes génitaux cachés. Tu penses bien que cet aspect des choses leur passe au-dessus de la tête.

    Jusqu’ici, je n’avais pu me mêler vraiment à ces groupuscules que l’on qualifie de familles. Tu seras amusé d’apprendre comment j’y suis parvenue.

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    Un matin j’ai trouvé sur le bord de la route deux jambes d’homme dépassant d’un véhicule à l’arrêt dont s’échappait de la fumée. Intriguée, je me suis approchée. Au début, je n’ai pas eu l’impression d’être utile car l’homme s’est montré contrarié que j’ai pu réparer sa voiture à la vitesse {de l’éclair}.

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    Ce n’était pas très prudent, mais je n’ai pu résister : un jeu d’enfant comme ils disent ici quand c’est facile. Visiblement, l’homme était très déçu. J’ai cru comprendre qu’il espérait profiter de cette panne pour récupérer des pièces détachées de première importance. Il était très agité et parlait sans arrêt mais il m’a quand même ramenée dans sa famille en disant que j’avais des pouvoirs surnaturels.

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    Et là, surprise ! Dans le jardin, une autre de ces soucoupes volantes. Ces gens prétendent que c’est pour préparer leur futur, sauver leur avenir. Ils se sentent protégés car il n’est pas donné à tout le monde de capturer un engin pareil, de le maintenir au sol et le {domestiquer}.

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    Ils m’ont raconté qu’une fois, ils ont eu un vaisseau-mère mais qu’il s’est échappé ce qui expliquerait pourquoi cette soucoupe est l’objet de toute leur attention. Moi, elle ne m’inspire pas confiance. Parfois, on la tracte en ville avec le {pick-up} pour montrer qu’on en possède une. C’est l’attraction du jour, les enfants courent derrière avec enthousiasme.

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  • Peter Pan poix plumes

    img089.jpgAu rayon artistes anonymes, une histoire racontée par le poète fantaisiste Jacques Dyssord dans un article sur le « children corner », La Souveraineté de l’enfance paru dans le numéro 9 de Ce Temps ci (Cahiers d’arts contemporains), revue sur l’art décoratif.

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    « Vous savez que Peter Pan a sa statue dans Kensington Gardens. Une nuit, un fou, pense-t-on, couvrit cette statue de poix et cette poix de plumes ».

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    Aujourd’hui ce genre de performance paraîtrait banal mais on est dans les années trente et Dyssord poursuit : « Au matin, quand on s’aperçut de cette profanation, l’indignation de la foule fut telle qu’un véritable service d’ordre dût être organisé ».

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  • Coup de sifflet à Bruges

    sifflet dératisateur.jpgA vous couper le sifflet ! La preuve que la presse papier ménage toujours des surprises. Le Figaro et vous parcouru d’un œil distrait le mardi 8 mars 2016 dans une salle d’attente. Et soudain cet objet, populaire en haut, macabre au milieu et sauvage en pied qui vous saute à la figure. Un sifflet dératisateur. Image sorcière en plein milieu de l’article d’Éric Biétry-Rivierre, envoyé spécial à Bruges.

    Pour attirer l’attention du public français sur Les Sorcières de Bruegel, l’exposition de l’Hôpital Saint-Jean à Bruges (jusqu’au 26 juin 2016). « On raconte ici » nous dit E.B-R. « comment simplement à partir de de deux gravures du brabançon Pieter Bruegel, dit l’Ancien (né vers 1525 et mort en 1569), le stéréotype de la sorcière s’est trouvé définitivement fixé ».

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    L’iconographie disponible sur le net de cette expo « au charme noir » fait surtout la part belle aux estampes anciennes et aux tableaux de(s) David Teniers.

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    Aussi faut-il applaudir Le Figaro pour son focus sur plusieurs objets de sorcellerie populaire ou destinés à la répression de celle-ci. Un talisman dans la dent d’un mort qu’on épinglait dans les langes des nourrissons.

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    Un trône d’infamie sculpté de crapauds, serpents et rats.

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    On y installait de force les malheureuses accusées de relations avec le diable avant de les balader sur une charrette remplie d’ordures sous les invectives de la foule.

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    Plus classique : un cœur modelé dans la cire et piqué d’épingles.

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